I WANT TO MAKE YOU MAD ★ FEAT. TAO

Une journée aux urgences était digne d'un marathon. Courir dans tous les sens, enchaîner patients sur patients, devoir gérer les crises de certains, de colère ou de panique, c'était son monde à elle, son quotidien et elle s'y plaisait. Même si elle savait qu'on ne pouvait pas sauver tout le monde, elle faisait le maximum pour ses patients, pour tous ceux qu'elle arrivait à prendre en charge. La matinée avait été assez mouvementée, un éboulement dans un immeuble avait chargé à bloc les urgences jusqu'à une partie de l'après-midi. Lihua se désolait souvent de ne pas pouvoir recevoir tous les patients qui attendaient dans la salle d'attente des urgences et qui passaient après les personnes qu'amenaient les ambulances ou bien les pompiers. Elle voyait des personnes attendre toute la journée dès fois pour réussir à voir un médecin ou une infirmière. Trop de patients pour un nombre limité de personnel, c'était plutôt injuste.

Alors qu'elle avait enfin réussi à prendre sa première pause de la journée, la jeune femme déambulait dans les couloirs, en direction d'un distributeur. Un peu de sucre ne lui ferait pas de mal, la machine était à quelques pas. C'est une phrase dans sa langue maternelle qui lui fit tourner la tête. La chinoise se retient de grimacer en voyant Tao à quelques pas d'elle. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Le fixant du regard, elle ne sait pas trop quoi penser de lui. Elle ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam il y a quelques mois et maintenant elle savait qu'il passait du temps au garage de Shen. Mais elle ne le sentait pas, il y avait quelque chose en lui qui la rendait mal à l'aise. Elle détourna la tête, s'avançant vers le distributeur. « Merci du compliment, tu sais parler aux femmes. » dit-elle d'une voix cassante, épuisée par sa journée et par ce qui l'attendait s'il restait dans ses pattes, ce qui allait forcément se passer. Tentant de se concentrer sur les produits proposés, elle l'écouta. Bien entendu, il mentionna Shen. Sursautant légèrement en le voyant se rapprocher, elle lui jette un regard avant de le fixer, maîtriser ses émotions devant lui était particulièrement compliqué. Elle posa sa main sur son torse et le repoussa, l'éloignant d'elle. « Arrête. Tu ne nous connais pas. Tu ne peux pas débarquer et prétendre tout savoir de nous et de notre histoire, si tu nous connaissais, tu saurais que ça ne sert à rien de venir jusqu'ici pour me dire ça. » Reportant son attention sur le distributeur, elle hésita avant de rajouter, juste pour lui renvoyer l’ascenseur. « Et au fait, tu devrais travailler ton chinois. »

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Il y avait vraiment quelque chose de malsain chez cet homme, de noir, de mauvais. Elle en avait des frissons, il ne lui inspirait vraiment pas confiance. Il lui faisait peur, même, mais elle tâcha de ne pas le montrer. Elle ne voulait pas avoir peur face à lui. Ne pas plier face à ce qu'il lui dirait. Il pensait venir dans leur vie, à Shen et à elle, et tout connaître. Il avait tort. Alors qu'elle tâchait de rester concentrée sur autre chose que sur ce qu'il lui disait, elle tourna la tête vers lui et se mit face à face, assez proche, le regardant droit dans les yeux, un air de défi dans le regard. « Tu nous connais, hein ? Alors vas y, puisque tu es si fort, puis que tu sais tout. Dis moi tout, raconte moi ma vie, la vie de Shen, notre vie. » Elle n'y croyait pas une seule seconde. Il ne savait rien. Lihua rajouta quelques mots, critiquant le chinois de son vis-à-vis avant de se détourner vers le distributeur. Sauf que ce qu'il ajouta l'énerva. Sur le coup de la colère, elle leva la main et lui assena une gifle d'un coup sec. « Tais-toi. Tu nous connais si mal que tu ne sais pas que Shen ne me ferait jamais ça. Si tu es venue pour me faire du mal, tu vas repartir déçu. » Choisissant quelque chose dans le distributeur, elle le récupéra avant de tourner les talons. Elle soupira, elle savait qu'il allait la suivre, il n'en avait pas fini avec elle, malheureusement. Sortant à l'extérieur de l'hôpital, elle atterrit dans une ruelle à sens unique. S'adossant au mur, elle resta fixée sur le mur qu'il y avait en face, ignorant totalement Tao. « Tu n'as pas une autre personne à qui tenir la jambe ? » Elle ne savait pas si c'était une bonne idée de s'isoler avec cet homme.

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Que pouvait-il bien savoir sur eux, hein ? Rien du tout, il bluffait, elle en était sûre. Mais ses paroles la laissèrent bloquée sur place. Au fur et à mesure qu'il parlait, elle n'avait qu'une question en tête : Comment savait-il tout ça ? Tournant la tête vers lui, la mine effarée, elle le fixa. À l'instant où il mentionna sa mère, elle le gifla de nouveau de toute ses forces. « La ferme ! » Elle tremblait. De rage. C'était si rare. Mais il avait réussit. Son souffle était court à cause de la colère qui l'envahissait. Elle ne pouvait pas supporter qu'un homme tel que lui parle de sa mère. Qu'il la juge, qu'il juge Shen, son couple. Il n'avait pas le droit. « Comment est-ce que tu sais tout ça ? » Et surtout, la question qui lui brûlait les lèvres. « T'es qui pour savoir tout ça ? » Le giflant de nouveau alors qu'il insinua que son petit-ami la trompait, elle le fixa, n'arrivant pas à croire qu'elle perdait son sang-froid face à un type pareil. « Tu es jaloux c'est ça hein ? Jaloux de nous, parce que tu n'auras jamais ce que l'on partage, alors tu te charge de le détruire. C'est puéril, gamin. Si tu es en manque d'affection, il y a des femmes qui seront prête à tout faire pour toi contre un peu d'argent. » lança-t-elle avant de récupérer sa nourriture et de sortir à l'extérieur, dans une ruelle. Bien sûr, il l'avait suivi. Elle fit d'ignorer cet air faussement soucieux sur son visage. « Trop aimable. » S'approchant de lui, elle attrapa sa cigarette et la jeta contre le mur. « Ne t'approche plus de Shen. Je t'interdis de revenir à son garage. » dit-elle, froidement. « Et je ne veux plus te voir non plus. » siffla-t-elle, énervée.

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Mentionner sa mère était cruel, il ne savait pas de quoi il parlait même s'il semblait connaître toute leur vie à Shen et à elle. Comment savait-il tout ça ? C'était impossible, elle n'en avait parlé qu'à son petit-ami qui avait fait de même. Et en plus il se moquait d'elle. Elle commençait à haïr cet homme, il lui faisait peur et en plus il faisait tout pour la mettre en colère. Son visage changea brusquement et elle faillit reculer d'un pas. Effrayant. Mais elle fut happée par ce qu'il venait de lui révéler. Pardon ? Comment ça, il était le patron de Shen ? Le propriétaire du garage, mais c'était impossible, c'était un héritage familiale, il ne l'aurait jamais vendu. En ce qui concernait le père du jeune homme, elle avait par contre de nombreux doutes, comment avait-il osé faire ça à son fils. « Tu es un monstre. Sans cœur. » souffla-t-elle. Elle était énervée contre lui, énervée contre Shen qui lui avait caché ça. Pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Il n'avait pas confiance en elle ? Et puis cette histoire d'une autre fille qui venait le voir au garage alors qu'elle, elle n'avait presque plus le droit d'y aller. Du moins il ne voulait plus qu'elle vienne, même s'il ne le lui disait pas avec ces mots. Le regardant droit dans les yeux, elle fixa sa joue qui avait légèrement rougie sous les deux gifles qu'il s'était pris. « Nous n'avons pas besoin de ton aide pour être sincère entre nous. » Mais même elle, commençait à être moins sûre de ça après avoir entendu tout ça. « Ne nous aide plus. » Un peu d'air frais lui ferait le plus grand bien, mais voilà qu'il la suivait. En colère, elle jeta sa cigarette contre le mur, lui ordonnant de ne plus jamais approcher Shen, ni elle. Elle ne voulait plus voir sa tête dans les parages. Elle tourna la tête quand il souffla dans la figure, toussant légèrement avant de le fixer, le regard noir. Ses derniers mots manquèrent de la faire trembler, de peur. Ses menaces l'effrayaient car il était un homme à ne pas en lancer en l'air. Néanmoins elle inspira, tentant de se reprendre. « Tu ne me fais pas peur Tao. » Elle le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin de la rue. Vu qu'il n'était plus là, elle se laissa aller. Les tremblements dans son corps étaient si nombreux qu'elle dut s'appuyer contre le mur, elle inspira et expira doucement, tentant de reprendre son calme.  Peur, colère, incompréhension et jalousie. Il venait de semer le doute en elle. Et elle le détestait pour ça.