BACK ON TRACK ★ EVENT

Rester tranquillement assis sur un fauteuil usé, mains jointes sur un téléphone, attendre que le temps passe. Plus que trente secondes. Ga Ram relève les yeux de l’écran de son cellulaire, regarde par la fenêtre. Le paysage grisâtre défile à la lueur d’un ciel couvert. Malgré le vacarme du roulement, le wagon est silencieux. Certains piquent du nez sur leur journal, d’autres regardent devant eux, écouteurs vissés aux oreilles. Vingt secondes. Le nord-Coréen jette un coup d’œil à son voisin. Un type guindé, serré dans un costume neuf. Ils échangent un petit sourire pincé et compatissant. Dure journée en perspective. Ga Ram revient à son téléphone, pianotant rapidement un message qui n’est pas envoyé. Dix secondes. Il déglutit, fait le décompte, se mord l’intérieur de la joue.

La détonation retentit dans le wagon de tête, comme prévu. Fracas d’une voiture qui déraille, le paysage vacille, les hurlements strient le silence, les corps chancèlent dans tous les sens, s’effondrent. Ga Ram s’agrippe au fauteuil de devant, manquant de basculer sur le côté. Quand tout est à nouveau immobile, un long soupir filtre ses lèvres un peu tremblantes. « Qu’est-ce que… » bafouille-t-il, le regard faussement paniqué. Il jette un coup d’œil devant lui. Des corps au sol. Certains tremblent, d’autres restent inertes. Les cris et les pleurs transpercent ses tympans. La plupart des passagers sont encore sous le choc, mains plaquées sur les oreilles, incapables de bouger. Petit coup d’œil du côté de son voisin, recroquevillé sur lui-même, tête entre les bras. Faisant volteface pour inspecter le reste du wagon, il reste crispé, à l’affût, à moitié debout, une main toujours agrippée à l’accoudoir.

Noah observait d'un air ennuyé les rails devant lui, ses doigts accrochés à la barrière le séparant de la gare. Le terroriste avait rapidement fait son choix, et avait préféré rester de l'autre coté de l'action. Pour être franc, il avait bien moins peur des brigadiers que des terroristes. Si ces derniers l'attrapaient, ils allaient s'assurer de le faire souffrir, de lui faire regretter au centuple toutes les saloperies qu'il leur avait fait endurer jusque-là. Alors que les brigadiers se contenteraient d'un interrogatoire ou deux, puis de le faire disparaître dans une cellule, en attendant le jour de son exécution, qui serait rapide. Enfin, un sifflement familier résonna à ses oreilles, et un sourire amusé étira ses lèvres lorsque le train quitta la gare. Pour aussitôt exploser et dérailler, le tout dans un bruit assourdissant et franchement effrayant pour ceux qui ne s'y attendaient pas.

Après que le drame soit passé et que les cris de terreur des gens se soient légèrement atténués, Noah retira ses mains, qu'il avait plaqué sur ses oreilles pour préserver son ouïe. Il n'avait pas non plus envie de finir sourd à cause d'un attentat. Il décrocha ses doigts de la barrière pour enfoncer ses mains dans ses poches, et rabattre la capuche de sa veste sur sa tête. Depuis qu'il s'en était pris à Soo Mee, cette dernière avait du prévenir ses collègues de travail de faire attention à lui. Alors aujourd'hui, il se déplaçait en mode incognito. Ses yeux, dissimulés derrière des lunettes de soleil teintées, se fixèrent sur un homme, que dit-il, un garçon qu'il connaissait bien, et son sourire s'élargit. Noah profita de la panique de la foule pour se diriger vers ce garçon, s'assurant de le heurter en faisant mine de trébucher.  « Oh, excusez-moi. » Noah retira ses lunettes de soleil pour aider le garçon à garder son équilibre, et ainsi permettre à son informateur de le reconnaître.

« Assurez-vous de sauver les passagers de ce train. » déclara-t-il d'un air faussement concerné, tout en remettant ses lunettes sur son nez. Min Guk, dans cet attentat, était censé passer pour un brigadier, ce qui explique pourquoi il sécurisait actuellement le périmètre. Noah était déçu de ne pas l'avoir vu agir pour les terroristes, pour cette fois, parce qu'il ne l'avait jamais vraiment vu faire quoi que ce soit rejoignant la cause des Kérés. Enfin, songea-t-il en s'abritant sous une parcelle de toit, à une maison proche de l'accident. De là, il pourrait garder un œil sur les moindres faits et gestes des brigadiers comme des terroristes. Et si jamais quelqu'un cherchait à lui faire la peau, les lames dans ses poches pourraient l'aider à se frayer un chemin parmi les civils, et qui sait, peut-être faire quelques victimes de plus.

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Le regard fixé sur l'ordinateur la blonde termine d'écrire un article. Elle se relit et ferme l'ordinateur portable qu'elle range ensuite. Elle ne prend que très rarement le train, loin d'être son moyen de transport préféré. Un regard sur l'heure, aller encore un peu de patience. Puis ses yeux se perdent sur le paysage. Elle profite du calme pour fermer les yeux un court instant.Une longue journée l'attend. La blonde ouvre à nouveau les yeux mais cette fois elle observe les voyageurs. Soudainement elle se retrouve plaquée contre la vitre avant d'être projetée dans l'autre sens. Quand le train s'immobilise elle se retrouve au sol avec une douleur à l'épaule. Elle se mord la lèvre inférieure, gémit silencieusement de douleur en se relevant. Un coup des terroristes elle en est persuadée. Kaena regarde autour d'elle, des cris, des gens qui tentent d'en ranimer d'autres, de l'aide. Il faut de l'aide. Mais son instinct est trop fort, à l'intérieur de sa tête il crie. Il lui dit qu'ils sont forcément dans le train. Elle est sûre que certains doivent contempler le carnage. Elle s'avance dans le train, regarde chacun des visages et tente de rester calme. Elle rassure ceux qui en ont le plus besoin. Parfois elle joue les infirmières avec les moyens du bord. Grâce à Li Hua elle a en mémoire quelques gestes essentiels. Ses mains et ses vêtements se couvrent de sang, peut être le sien. Kaena ne cherche pas à le savoir, ce qu'elle cherche c'est des comportements suspects. Des terroristes.

Un masque censé améliorer la qualité du sommeil sur les yeux et des boules quies dans les oreilles, Byung Hee prend une petite sieste bien méritée dans le train qui le conduit à l'extérieur de la ville, ou il est censé effectuer des missions humanitaires éparpillées un peu partout dans le voisinage coréen. Bien sûr, il avait accepté, tant qu'il ne se faisait pas kidnapper par des terroristes ou quoi que ce soit d'autre ressemblant de près ou de loin à des ennuis ou à une catastrophe naturelle, tout lui allait. Enfin, c'est ce que le médecin pensait, lorsqu'une secousse plus soudaine que les autres l'extirpa des bras de Morphée. Avec un léger bâillement, ses doigts se portant automatiquement à sa bouche pour essuyer ses lèvres, au cas ou de la bave ait coulée dessus, le médecin regarda autour de lui. Le train roulait encore, fausse alerte. Les accidents étaient si vite arrivés, aussi. Il allait replacer son masque sur ses yeux, lorsque sans prévenir, le train quitta les rails pour partir dans le décor.

Byung Hee essaie d'atténuer les dégâts en portant ses bras devant lui. Ce qui n'était pas une si bonne idée, surtout lorsque son bras gauche se cogne plutôt violemment dans le siège devant lui. Avec un gémissement de douleur, le médecin tâte son bras, pour s'assurer qu'il n'est pas cassé. Heureusement, il peut encore le bouger. Byung Hee se relève, après avoir aidé son voisin à sortir ses genoux de leur prison, qui constituait en un siège brisé. Autour de lui c'est l'apocalypse miniature : des cris, du sang, de la fumée. Les gens paniquent et empirent les choses, et c'est la principale raison pour laquelle le médecin essaie de les calmer, en administrant quelques soins à droite à gauche. Une chance qu'il ait toujours une trousse de soins de premiers secours sur lui au cas ou. Il approche d'un siège ou un homme aux cheveux blonds se trouve, pour poser une main sur son épaule. « Monsieur, vous allez bien, vous n'êtes pas blessé ? Ne restez pas dans ce train, vous n'êtes pas en sûreté ici, les locomotives pourraient encore exploser. » l'alerte-t-il, en quittant l'homme des yeux pour observer la jeune femme qui comme lui, guide les passagers vers la sortie,  en leur donnant des conseils. Byung Hee n'avait clairement aucune idée de ce qui se tramait actuellement.

Depuis l'appel d'un agent sur place, c'était totalement la panique dans les locaux de la brigade anti-terrorisme. Ils venaient de frapper fort. Toucher un train en marche, en pleine heure de pointe. La panique était déjà partout, s'insinuant aux quatre coins de la ville en moins de quelques minutes et elle savait que pour atteindre l'endroit où le train avait déraillé allait être long. Les secours allaient avoir un mal fou à évacuer les passagers les plus toucher par le déraillement. Et le pire restait peut-être à venir, après tout une autre bombe pourrait très bien exploser une fois que les secours et la brigade allaient arriver. Gérer la panique des citoyens était sans doute ce qu'il y avait de plus épuisant, heureusement que des académiciens avaient été dépêchés pour les aider. Sur le trajet, Soo Mee avait repensé bien malgré elle à Ga Ram. Ils avaient convenus de ne jamais plus parler de ce qu'ils faisaient dans leur travail. Mais là. Comment pouvait-elle rester muette là-dessus ? Surtout qu'elle connaissait sa spécialisation. Une question allait lui brûler les lèvres et elle était déjà certaine qu'elle n'apprécierait pas la réponse. Faite qu'il ne soit pas sur place.

La panique, c'était un bien faible mot pour décrire ce qui se passait sur place. Grimaçant en voyant la scène, elle observa la fumée qui s'échappait du wagon de tête et le train qui s'était renversé sur presque toute sa totalité. Elle reconnut Min Guk, l'appel venait de lui apparemment, une chance qu'il se soit retrouvé sur place rapidement. Bon, il n'y avait pas encore assez de sécurité, la jeune femme envoya des agents s'occuper des extrémités du train avant de rejoindre un des responsables des secours pour prendre rapidement des informations. S'avançant un peu plus, elle rejoint Min Guk. « Une chance que tu ais été là dès le début … tu as remarqué des comportements suspects ? » Cela pouvait sembler peu important au vu des blessés, mais si ils pouvaient en tenir quelque uns, elle connaissait assez bien les terroristes pour savoir que certains aimaient jouir d'un pareil spectacle, le chaos. « L'un des responsables des secours m'a dit qu'ils n'avaient pas encore retrouvé de morts, c'est presque un miracle vu l'explosion, mais ils n'ont pas encore finis. Je vais voir s'ils ont besoin d'aide près du wagon de tête, avec l'équipe de déminage. Fais attention, on ne sait pas s'il y a une autre bombe. » Elle croisait vraiment les doigts pour que non.

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Ga Ram reste immobile, observe le décor. Certains commencent déjà à s’activer. Une main vient se poser sur son épaule, il se retourne. Un inconnu s’enquiert de son état. Le terroriste reste silencieux quelques secondes, avant qu’il n’articule avec une feinte difficulté : « Oui, tout va bien… Je crois. Merci. » Il adresse un petit signe de tête, avant de reporter son attention sur les passagers. Au bout du wagon, il croit reconnaître Kaena, sur le qui-vive, déjà en train de porter secours à ceux dans le besoin. Il en revient rapidement à l’inconnu, qu’il jauge rapidement du regard. Il ne semblait pas être blessé. La trousse de secours qu’il a en main attire l’attention du terroriste. « Vous êtes médecin ? » Et sans trop tarder, il ajoute : « Les secours et la brigade sont déjà sur place ? C’est une bonne nouvelle. » Resserrant la mâchoire, il crispe le poing tout en parcourant le wagon du regard. Le plus gros de son travail était fait… Ne restait plus qu’à sortir d’ici sans se faire repérer.

Beaucoup de mouvement pour rien, songeait Noah en laissant sa tête reposer contre le mur derrière lui, ses yeux fermés. Seules ses oreilles étaient grandes ouvertes, remplies du bruit des sirènes des pompiers, de la police, des cris de détresses des gens, des bruits de l'obturateur de l'appareil photo. Un sourire amusé étira ses lèvres tandis qu'il glissait ses mains froides dans les poches de son jean, enfonçant son visage plus au creux de l'écharpe rouge autour de son cou. C'était bien humain ça, dés qu'une catastrophe arrivait, de prendre une photo et de poster ça sur les divers sites en ligne. Ils ne se rendaient même pas compte qu'en faisant ça, ils construisaient des dizaines de milliers de chemins informatiques pour les hackeurs des terroristes. Une fois toute cette farce terminée, les Kérés n'auraient aucun mal à faire le bilan humain de leur action d'aujourd'hui. Noah baissa ostensiblement la tête lorsque des gendarmes passèrent en courant devant lui, dissimulant son visage du mieux qu'il le pouvait dans son écharpe. Ce qui était bien dans cette histoire, c'est que les forces de l'ordre concentraient leurs efforts sur le train qui flambait et fumait encore en contrebas. Ce qui laissait une chance de plus aux terroristes pour agir à la surface.

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A l'intérieur du train le temps semble être figé. Tout le monde hurle, tente de sortir mais personne n'a l'air de réussir à faire quoi que se soit. Elle la première, elle essaye d'apporter quelques soins tout en regardant autour d'elle espérant repérer un comportement suspect mais il y a trop d'agitation. A peine le temps de se relever et de commencer à suivre quelqu'un qu'on l'arrête à nouveau en la prenant pour une infirmière. Certains sont bien trop blessés pour qu'elle puisse faire quelque chose. Elle explique, elle perd du temps. Elle ne sait plus qu'elle heure il est, depuis combien de temps l'explosion à eu lieu. Elle veut savoir quand les secours vont arriver. Une minute plus tard ou bien peut être dix, elle entend les sirènes. Un moment de soulagement. Moment de courte durée, il n'y a pas une minute à perdre. Les secours montent à bord, elle ne pense pas à se faire soigner. Elle a mal mais tente de supporter sa douleur à l'épaule. A l'arrivée des renforts elle y voit un moment de répit et en profite pour continuer à parcourir le train, qui sait sur qui elle pourrait tomber ?