Je me souviens qu’au début, chaque fois que ça arrivait, j’espérais que ma conscience puisse être lavée ainsi, aussi facilement, comme si d’un coup de jet, tout pouvait disparaître, même les actes faits pour les raisons les moins honorables. Maintenant, c’est à peine si je venais à sourciller. Dans le fond, c’est peut-être ça le pire : S’être habituer à tuer, si bien qu’avec le temps, j’en suis venu à changer les règles de ce jeu morbide. Certes pour le moins, peu fair-play, mais je n’suis pas connu pour aimer agir selon les normes. Je crois être devenu un monstre dans cette jungle qu’est la guerre et pourtant, je continu ma route, frôlant la mort s’il le faut. Cette passion du danger guidant mes pas, tout autant que dicter mon existence auprès de ce groupe, cette famille qui a su m’accepter.
Hum. La passion. Elle se cache au plus profond de nous-même, nous narguant de si loin, faisant semblant de dormir, tapis dans l’ombre, attendant son heure. Et depuis le tréfonds de notre âme, à l’instant ou, ignorants, oubliant le reste, elle se réveille avant d’ouvrir ses mâchoires et planter ses crocs acérés au creux de notre chaire. La passion entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi. Quant bien même nous tentons de la vaincre, nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d’autre ? Mais encore plus, la passion est source des moments les plus rares. La joie de l’amour…la lucidité de la haine…la jouissance de la douleur. Quelque fois la douleur est si forte qu’on ne peut plus la supporter. Si l’on pouvait vivre sans passion, sans doute serions-nous moins torturés. Mais nous serions vides. Espaces déserts, sombres et glacés. Sans passion, nous ne serions que de vulgaires coquilles vides incapables d’aimer et de trouver sa place dans la course au bonheur. Et je porte en moi cette passion. La passion de l’ignorance. La passion du rejet et de la fringante indifférence.

Voltaire disait « Nous recherchons tous le bonheur, mais sans savoir où, comme des ivrognes qui cherchent leur maison, sachant confusément qu’ils en ont une.»  
Bien loin d'être si différent de ceci, tout au contraire, je pense juste que la notion même de bonheur n'existe plus, et n’est qu'un simple et perpétuel, monologue de mensonge que nous tentons tant bien que mal de croire afin de donner un but à notre existence. Vices et controverses, est ce qui peut être dû ou provoqué que par soi-même. Encore qu’il existe en ce moment, des personnes capables de pouvoir influencer sur cette course à l’existence. On dit que personne n’est malheureux dès l’départ dès l’instant où nous savons tracer la voie qui saura être la nôtre. Humpf. Foutaises. Conneries que tout ceci. « Enfant des rues », mon apprentissage dans l’art du combat se fit bien plus tôt que je n’aurais pu y songer, éloignant sans vergogne ceux qui tentés de m’amadouer dans les plus bas quartiers de Tokyo, revenant blessé plus d’une fois, foulant du pied, sans en avoir réellement conscience, l’orphelinat duquel, l’on m’avait enseigné la courtoisie, la gentillesse, et l’honneur. Longtemps étudiant comme tout bon jeune Japonais qui se respecte, c’est vers les sciences que je me suis tourné avant de tout abandonner, lâché en pleine rue à ma majorité et c’est sans revenus qu’enfin, je trouvais une certaine utilité dans ma vie seulement ponctué par mes notes de classes et devoirs à rendre. « Homme des bas-fonds de Tokyo », portant coups et blessures, se trainant dans les bars les plus sordides, je ne savais plus si c’était l’héroïne qui faisait battre mon cœur ainsi, cette dépendance jouissive du joint, cette liberté folle de l’ecstasy,  ou encore, cette fascination pour les combats de rues. Peu m’importais car c’était devenu avec le temps, les seules choses pour lesquelles j’éprouvais un tant soit peu d’affection depuis que, bien trop répugné par ce que j’étais devenu, l’orphelinat ne voulait plus entendre parler de moi, réfutant avec habileté tout ce qui pouvait me concerner.

Hum. Quelle vie ! Et cette guerre qui faisait rage dans le pays voisin. Hum. Pas dans l’genre prétentieux ou imbu de ma personne, jamais je n’aurais eu idée pareille que de foncer dans ce combat avant qu’il n’entre avec fracas, tel un ouragan, dans ce quotidien ou je tentais de jongler entre les joutes physiques et l’après. Xiong Tao a su me convaincre que mon destin n’était en rien dénué de sens, et c’est ainsi que, quelques temps plus tard, je réussis à me faire une place de choix dans l’équipe de terroristes qu’il dirigeait. Rien ne m’avait préparé à ça. Rien. Justes, les choses de la vie faites ainsi et c’est pourquoi, il est primordial de ne retenir que le principal : Aucun hasard, chacun son merdier alors qu’on me cause pas de Dieu ou toutes ces autres conneries de la vie, ou d’Happy End car il n’en est rien. Seul le paradis artificiel pourrait nous mener au confins d’un monde à la candide drogué vivant parmi les papillons et les licornes multicolores, et non de dius, ça fait longtemps que j’ai passé l’âge de snifer de l’coke alors, je me contenterais seulement de mon rôle de bras droit auprès de celui pour qui, je serais prêt à donner ma vie, dans cette guerre déchirant le pays du matin calme.

Comment se décrire sans paraitre narcissique ou tomber dans le négatif ? Comment puis-je vous parler de moi-même, sans paraitre attaché aux mots que je pourrais retranscrire ici, sous votre attention bien trop pesante ? Parler de ce que je suis, de moi, est une chose que je n’ai jamais su faire alors, je tacherais de faire au mieux et si le cœur vous en dit, vous pourrez me lire jusqu’au bout de ces lignes.

« Ce qui a été perdu un jour est perdu a jamais, telle est la règle de la vie, il n'y a pas d'exception.» Une citation que j’ai entendue il y a longtemps, je ne saurais dire ou et encore moins par qui, mais il se trouve qu’elle sait parfois se frayer un subtil chemin vers mon esprit pour l’aider à me rappeler de ne jamais accorder d’importance au passé car la vie, aussi cruelle soit-elle, a eu le don de m’enseigner que chaque évènements passés entraînent inexorablement le présent. Un passé que l’on ne peut changer et qui reste, bien malgré nos désirs, graver au plus profonds de notre être, alors, à quoi bon lui donner l’importance qu’il ne mérite lorsqu’il est bien trop tard ? Pourtant, l’ignorance est vice de nos erreurs et c’est sans doute ça le plus dérangeant. Avancer sans savoir. Avancer et oublier, faire abstraction de c’putain de pseudo-altruisme, car il est certain qu’on désiré se débarrasser de moi. Humpf. Peu m’importe. L’importance est de faire comme si tout cela ne m’atteignait pas, me laissant simplement guider par ce que je suis, aujourd’hui.

Matsuda Ryu. Je suis de ses Hommes qui se forgent à mesure qu’ils s’enfoncent dans la vie, lentement mais sûrement et pour ma part, sans doute, pas de la plus brillante des façons. Ne sachant rien de ma famille biologique, j’ignore si cette vie était celle qu’ils m’avaient prédestinés, cependant et pourtant, je me fou avec une perfide audace de tout ceci. Pour ma part, mon avis reste mitigé. Peut-être ne suis-je que seulement une erreur, une sorte de gars échappé des rayes ? Ange déchu, on me dit froid et distants, sans doute par ma capacité si nonchalante à observer sans l’ombre d’un sentiment ce qui pourrait blesser ou choquer, autrui, ceux-là même trop craintifs et lâches. Ancien voyou errant dans les plus bas quartiers de Tokyo, la loyauté est resté maître mot, guidant mon existence et mes choix, au rythme de mes pas afin de jarter et cogner jusqu’au sang ceux qui tentaient de m’éjecter de mon territoire.

Hum….Tao pense que je suis l’être le plus digne de confiance mais aussi le plus chiant. Obéissant et loyal envers lui, je n’en reste pas moins un gars assez têtu pour lui tenir tête. Il me dit tête-à-claque. C’est peut-être parce que j’passe le plus clair de mon temps à le surveiller telle une mère poule, et dans l’genre « torce-cul » j’suis plutôt doué avec mon boss. N’étant pas connu pour mon calme mais plutôt pour mon manque cruel de patience, c’est avec une franchise déconcertante, accompagné d’un humour parfois assassin dont je suis le seul à apprécier et souvent contesté, que je clame et agis selon mes pensées. Pourtant loin d’être asocial, je sais me lier avec autrui, gardant cependant mon cœur hors de portée de main, presque détaché et solitaire comme si tout ceci ne me concernait pas réellement, ou quelques fois, offrant un bout de chemin à une personne, à mes côtés, je préfère de loin quelques flirts et coucheries de temps à autres. Nous vivons dans une époque bien trop dangereuse pour seulement laisser aller nos émotions, bien qu'il existe une femme qui sache encore faire battre mon coeur depuis fort longtemps et malgré tous les interdits, j'espère encore la voir, la toucher et l'aimer en toute discrétion. Kyong Hee, cette femme, cette amour de au détours de coïncidences.

Pourtant, malgré mon cheminement vers tout ce que je fus et serais, malgré ce que j’ai fait de plus mauvais, on me dit parfois qu’il ne se dégage de moi ni malveillance, ni réelle bienveillance. Serais-je donc insaisissable ? Comme de l’eau qui s’écoulerait goutte à goutte ? Chimère que tout ceci. Demi-mensonge inventé par certains du fait qu’il n’est que trop difficile pour mon entourage d’entrapercevoir ce que je ressens réellement, masquant mes larmes par un sourire en coin, mon désespoir face à cette injustice par une franche indifférence, une étincelle malicieuse au fond des yeux, comme d’accoutumé, gun en mains, prêt à tirer.

Est-ce ceci que l’on attendait de moi ?

Il faut croire que je ne suis pas né sous une bonne étoile, pourtant, me plaindre n’est en rien dans mes habitudes. Grandir seul, sans doute ça le plus triste. J’ai passé plus de la moitié de ma vie dans un orphelinat avant d’en partir pour vaquer à quelques conneries dans les ruelles de Tokyo