Quand il était enfant, la chambre de Do Jin était retapissée de posters. Sur des étagères prêtes à crouler, on pouvait trouver des comics serrés entre deux rangées de figurines. Sur son lit, toujours soigneusement tiré par sa mère le matin, des draps assortis à l’effigie de ses héros favoris. Même dans son sac pour l’école, on dégottait des stylos et autres affaires scolaires achetés dans une boutique spécialisée dans les goodies Marvel et DC Comics. Batman, Iron Man, les Quatre Fantastiques, Hulk, les X-Men, Black Widow, Dardevil. Le seul super-héros qui n’ait pas sa place dans l’univers de Do Jin, c’était Superman. Trop surfait. Pas crédible.

Plus il pense, plus Do Jin se rend à l’évidence. Il a toujours été admiratif des personnes qui ont une noble cause à défendre. Souvent, on lui a conseillé de devenir policier. Tu pourras défendre toutes les bonnes causes du monde, lui disait-on. Foutaises. Dans les films de super-héros, les policiers sont souvent des incapables qui ne sont pas fichus de mettre la main sur les criminels. Cette vision, toute aussi puérile soit-elle, Do Jin la défend encore et toujours.

Do Jin sait qui sont les responsables de la mort de ses parents. Les terroristes. Un brigadier lui avait promis qu’ils arriveraient à mettre la main sur eux, un jour ou l’autre. Do Jin attend toujours. Mais Do Jin n’est pas du genre à laisser le temps passer en se tournant les pouces. Il avait tout perdu. Ses parents, le restaurant qu’il tenait, leur maison. Seule Lee Ra était encore là. Elle lui tenait la main, et il voyait bien qu’elle ne voulait pas le laisser tomber. Mais elle ne pouvait pas comprendre, elle n’avait pas vécu tout ça. Alors quand Do Jin est parti vivre chez son oncle, il l’a lui-même abandonnée. Il devait faire table rase. Repartir de zéro.

S’engager chez Arès ? Jamais. De toute façon, même s’il l’aurait souhaité, il n’aurait pas pu. Les dettes laissées par ses parents l’en empêchaient. Do Jin a enchaîné des petits boulots pour rembourser tout ça. Serveur, livreur, caissier. Petit à petit, il a remonté la pente. Au fur et à mesure, le désir de vengeance a surpassé la dépression. Il avait un plan.

Do Jin a quitté son oncle pour vivre seul. Depuis peu, il travaille comme vendeur d’assurances à domicile. Ça ne gagne pas des cents et des milles, mais ces horaires flexibles lui permettent de se consacrer à toute autre chose : The Chaser. Il file, il poursuit, il fouine. Et surtout, il prépare sa vengeance.

Do Jin reste en retrait. Il observe. Do Jin ne se laisse pas approcher. Il se méfie. Do Jin n’est pas facilement apprivoisable, il est hargneux. Prudent, il est aux aguets. Partout. Tout le temps. Difficile à approcher, toujours à questionner tout, toujours à remettre en cause, toujours à soupçonner. Do Jin ne fait pas facilement confiance. L’ennemi peut être n’importe qui, il le sait. Une ou deux preuves de bonne foi ne lui suffisent pas. Il lui en faudra plus, encore et encore. En général, les espoirs qu’il fonde en quelqu’un ne sont pas à la hauteur de ce qu’il voudrait. Alors, le plus souvent, Do Jin avance seul. Il ne compte vraiment que sur lui-même.

Do Jin ne déteste pas les autres. Il n’est pas mal aimant. Et il n’est pas particulièrement associable, malgré le fait qu’il soit indéniablement farouche. Quand il aime, il sait être attentif. Il fait attention à ceux qui lui sont proches. Dans le fond, Do Jin n’est rien d’autre qu’un idéaliste. Il rêve d’une vie paisible. Une vie où les jours s’écoulent paisiblement, comme avant. Il repense souvent au passé, s’accroche à ses souvenirs. Se bat pour retrouver cet idéal qu’on lui a arraché.

Il ne tolère pas la trahison. Le mensonge, les cachoteries, la manipulation. Quand bien même il est lui-même obligé d’avoir recourt à tout ceci, il n’accepte pas qu’on retourne ces armes contre lui. Et Do Jin ne donne qu’une chance. Une seule. Il ne pardonne pas, il se venge. Il n’oublie pas. Il sait trouver un point faible, une faille à exploiter, quelle que soit la méthode à employer. Do Jin ment et manipule, parfois à contrecœur. Mais tous les moyens sont bons pour obtenir justice, même les méthodes les plus horribles. Il n’a aucune pitié.

Son plus grand secret demeure sans nul doute The Chaser, ce personnage inspiré de comics à travers lequel Do Jin cherche à se venger des terroristes. Il ne cherche pas l’appui de la brigade, ni celui d’Arès ou d’Athéna, qu’il considère comme des incapables. Pas de port du collant moulant ou de la cape pour The Chaser, Do Jin se contentant uniquement de dissimuler son visage quand il estime que c’est chose nécessaire.